facebook google + twitter twitter

L'actualité du débat

Quand l’UFE confond progrès et défense de ses intérêts

L'UFE, le lobby des grandes entreprises de l'électricité, tombe une nouvelle fois dans la caricature avec son éditorial cherchant à critiquer le VRAI projet de loi sur la transition énergétique élaboré par 9 ONG et associations. Sous couvert de défense des libertés et du progrès, elle plaide pour une consommation toujours plus grande d'électricité, sans se préoccuper des impacts économiques, sociaux et environnementaux.

 

Pour l'UFE, les ONG veulent brider les désirs de mobilité de leurs concitoyens ! Rappelons que d'après les données de l'ADEME, un Français parcourt en moyenne 6 600 km par an pour aller travailler, soit la distance Paris–New Dehli1 ! L'UFE oublie un peu rapidement que ces distances parcourues, les heures passées dans les embouteillages et la pollution engendrée ne sont généralement pas un choix, mais une nécessité. C'est bien pour réduire cette mobilité contrainte que les ONG et associations attendent des mesures : rapprochement domicile-travail, télétravail... N'oublions pas que ces déplacements contraints pèsent également sur un budget des ménages de plus en plus serré et que c'est un obstacle supplémentaire, pour les plus précaires sans moyen de transport, pour s'insérer dans la vie professionnelle.

 

Mais l'UFE ne s'intéresse pas aux plus précaires. Alors que les moins nantis doivent s'éloigner de plus en plus des centres villes dont le prix des logements explosent, s'exposant ainsi à un coût du transport qui augmente, l'UFE propose une généralisation des véhicules électriques, dont le coût sera de toutes façons inaccessible à cette partie de la population. La vraie solution est de densifier les zones urbaines (sans pour autant créer des tours) et de rapprocher les lieux d'habitation des lieux de commerce et de travail. Mais cela ne permet pas de vendre davantage d'électricité !

 

Parce que le progrès, pour l'UFE, c'est le nucléaire, cet autre Concorde bien français si coûteux et risqué, pour lequel certains chantent des cocoricos. Le progrès, ce serait de s'enliser dans une filière sans avenir, simplement parce que la résistance au changement est trop forte. Pourtant, le progrès, c'est une production d'énergie maîtrisée, décentralisée, adaptées aux ressources de chaque territoire et renouvelable pour anticiper sur les besoins des générations futures.

 

C'est aussi le contraire du repli sur soi annoncé par l'UFE. Sortir d'un modèle où la production est centralisée pour aller vers un modèle plus proche des territoires nécessite une implication plus forte des collectivités et des habitants. Les questions énergétiques sortent ainsi d'un cercle restreint d'experts pour entrer dans le champ démocratique. Dans les autres domaines, les ONG et associations prônent également la reconstitution de liens sociaux avec de nouvelles pratiques comme l'auto-partage, le co-voiturage, la location entre particuliers, le développement d'activités de réparation d'équipements... Autant de points d'entrée dans le monde du futur, plus ouvert et plus collaboratif. Des changements que l'UFE devra accompagner... ou subir.