Point de vue par Anne Bringault de la réunion mensuelle du CNDTE (Conseil national du débat sur la transition énergétique) hier après-midi.
La communication autour du débat n'est pas à la hauteur des enjeux. Plusieurs ONG demandent à ce que France Télévisions, dans le cadre de sa mission de service public, relaie davantage le débat, ses questionnements et les solutions proposées. La Ministre indique qu'il est difficile de populariser et médiatiser la transition énergétique car il s'agit d'enjeux de moyen et long terme alors que la crise actuelle focalise les préoccupations des Français sur l'angoisse du présent et, en particulier, l'emploi.
Justement, nous réclamons depuis des semaines avec certains syndicats la création d'un groupe de travail sur les transitions professionnelles ! Parce qu'il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : que l'on mette en place des mesures ambitieuses pour changer notre système énergétique, nos déplacements et l'isolation des bâtiments ou pas, il y aura des emplois perdus et des emplois gagnés. Même sans entrer dans des querelles de chiffres, tout le monde s'accorde pour dire qu'il va être nécessaire de préparer la mutation en cours et d'aider ceux qui vont perdre leur emploi à en retrouver un autre.
Nous sommes entendus ! La création d'un groupe de travail sur les questions sociales, dont les transitions professionnelles est annoncée en séance. Elle s'accompagne de la création d'un autre groupe sur la compétitivité. Celui-là, on le sentait venir depuis le début ! S'il est utile d'anticiper les impacts de la transition énergétique sur les entreprises, notamment celles qui consomment beaucoup d'énergie pour leurs activités, le risque est de se focaliser sur le prix de l'énergie (et non pas la facture énergétique comme nous le préconisons) et de tenter de rouvrir la porte aux gaz de schiste et autres fossiles non conventionnels, qualifiés de "bonne surprise" par le MEDEF. Nous resterons vigilants.
Petit travail en groupes en fin de réunion. Chaque collège liste les critères qu'il juge prioritaires pour analyser et comparer les scénarios énergétiques possibles. Bonne nouvelle, quasi consensus sur plusieurs critères :
- respect des engagements de la France, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique
- résilience, capacité d'adaptation, flexibilité, réversibilité
- autonomie/sécurité d'approvisionnement/indépendance énergétique (rappelons que l'électricité ne peut pas bénéficier du drapeau tricolore si l'uranium est importé, contrairement à ce que les statistiques officielles prétendent)
- emplois
- sûreté, durabilité vis à vis des risques technologiques, de pollutions, de changement climatique, d'atteinte à l'environnement et à la biodiversité...
- cohésion sociale, solidarité, lutte contre la précarité énergétique
- coût des investissements, impact sur la facture énergétique des ménages et des entreprises
En revanche, les possibilités d'implication des citoyens, des consommateurs et des territoires dans les politiques énergétiques n'est pas un critère prioritaire pour tous...
La suite au prochain épisode... le 21 mars.