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L'actualité du débat

Des chantiers, mais pas encore de visibilité sur le plan d’ensemble

La présentation des chantiers prioritaires de son ministère a été l'occasion pour Ségolène Royal de rappeler que la transition énergétique est une chance et qu'elle va créer de nombreux emplois. La ministre a mis l'accent sur les énergies renouvelables et la rénovation des bâtiments. En revanche, certains dossiers cruciaux comme la précarité énergétique, la fiscalité écologique ou encore le report modal dans les transports semblent oubliés ou volontairement écartés. L'évolution du mix énergétique et du parc nucléaire dans les années à venir reste, elle, mystérieuse.

 

La transition énergétique est une opportunité, en cette période de crises écologique et sociale, de donner une nouvelle vision d'avenir, avec la création de 632 000 emplois d'ici à 20301, des économies d'énergie qui permettront de réduire le poids de la facture énergétique sur les ménages et sur la balance commerciale française et des gisements d'innovation pour les entreprises. Le rappel par la ministre de ces bénéfices, en plus des intérêts pour l'environnement et la santé, donne un signe positif.

 

Parmi les chantiers prioritaires, la rénovation énergétique des bâtiments est en bonne place, alors même que la France est épinglée par une plainte du CLER et de FNE2 pour son manque de volontarisme dans le domaine. Nous attendons donc avec impatience les détails de ce plan de rénovation et rappellerons à la ministre les briques indispensables3 pour passer au plus vite à 750 000 rénovations performantes par an.

 

Les énergies renouvelables ont également été à l'honneur, notamment la méthanisation, le solaire et l'éolien off-shore. Si la ministre a surtout évoqué les appels d'offres, il est important de conserver en parallèle le système des tarifs d'achat qui a montré son efficacité pour accompagner les énergies renouvelables, notamment les projets citoyens, jusqu'à leur maturité.

 

Enfin, la ministre a confirmé la tenue de la conférence bancaire et financière de la transition énergétique qui avait été annoncée par le Président de la République. La transition énergétique nécessitera 20 à 30 milliards supplémentaires d'investissements chaque année pour les transports en commun, l'isolation des bâtiments ou encore les énergies renouvelables. Ces investissements seront rentabilisés pour la plupart avant 2030. Il ne s'agit donc pas de coûts, mais d'investissements de long terme qui nécessitent des outils et des fonds spécifiques4.

 

D'autres enjeux importants de la transition énergétique n'ont pas été évoqués par la ministre : la précarité énergétique, qui touche des millions de personnes en France qui ne peuvent se chauffer correctement chaque hiver, ne semble pas être une de ses priorités. Pourtant, la transition énergétique ne pourra se faire en laissant une partie de la population de côté.

De même, alors que la question des transports est la première préoccupation des personnes qui ont participé au débat national sur la transition énergétique, les grands axes de solutions comme le report modal vers des transports moins polluants ou encore la réduction de la mobilité contrainte sont absents des chantiers présentés.

Enfin, la fiscalité écologique, domaine dans lequel la France est très en retard, ne semble toujours pas à l'ordre du jour. Pourtant, l'application du principe « pollueur-payeur » permettrait d'orienter les achats vers des produits moins polluants et d'apporter des financements pour les solutions comme les transports en commun, le ferroviaire ou la rénovation énergétique des bâtiments.

 

Un dernier dossier, non des moindres, est lui toujours en attente : la trajectoire choisie pour la politique énergétique. Pourtant, donner des objectifs 2030 en matière d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables permettrait de donner de la visibilité aux industriels, aux collectivités et aux particuliers, leur permettant ainsi de lancer les investissements nécessaires. Préciser l'évolution du parc nucléaire, en lien avec l'objectif de 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité en 2025, permettrait également d'anticiper les mutations à venir. Au-delà des chantiers consensuels, des arbitrages sur des sujets plus sensibles sont donc toujours attendus.

Le 25 avril 2014.

2Communiqué de presse sur cette plainte : http://cler.org/Renovation-energetique-FNE-et-le

3Les 4 briques essentielles d'un plan de rénovation http://rac-f.org/Les-4-briques-essentielles-du-Plan