L’évolution des différentes infrastructures de production et de consommation d’énergie implique des investissements conséquents. Qu’il s’agisse du développement des énergies renouvelables, de l’isolation des logements ou encore des infrastructures de transport collectif, ce sont plusieurs dizaines de milliards qui devront être mobilisés annuellement pour permettre la forte réduction des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. A titre d’exemple, la rénovation des 400 000 logements annuels prévue dans la loi Grenelle a un coût d’investissement additionnel d’au moins 10 milliards d’euros par an. Les énergies renouvelables, et notamment l’éolien off-shore et le solaire photovoltaïque, qui n’ont pas encore atteint la parité réseau, présentent des besoins de financement de l’ordre de 2 à 3 milliards par an, aujourd’hui à la charge du consommateur (via la CSPE). Le réseau de transport d’électricité en France devrait pour sa part demander 10 milliards d’euros d’investissement d’ici 2020, dont 1 milliard d’euros pour l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique français, et les 9 milliards restants consacrés à la rénovation du réseau et l’amélioration de l’interconnexion avec le réseau européen. Dans le contexte actuel de difficultés économiques, il est nécessaire de provoquer un électrochoc positif par le biais d’investissements permettant à la fois de lancer ces chantiers et de dynamiser l’emploi dans ces secteurs d’avenir.
En effet, ils ne présentent pas toujours les caractéristiques de rentabilité exigées par les acteurs financiers. Ils sont généralement rentables sur le long terme, car ils permettent d’importantes économies sur la facture énergétique, mais sont très capitalistiques et impliquent souvent une mise de départ conséquente et ont un retour sur investissement dépassant la dizaine d’années. Les marchés financiers ne s’intéressent donc pas pour l’instant à ces investissements : temps de retour sur investissement trop long pour ces acteurs orientés vers le très court terme, rendements trop faibles face aux exigences des marchés. Du côté du secteur public, les Etats paralysés par leurs dettes n’ont plus les moyens d’investir et doivent, pour certains, emprunter à des taux de plus en plus élevés.
Mesure phare :
Assurer le financement durable (et à moindre coût financier) de la transition énergétique, en mobilisant les outils financiers existants et en développant de nouveaux.
Cela peut passer par :
- Faire du financement de la transition énergétique une priorité réelle et assumée de la nouvelle banque publique d’investissement (BPI). Plus généralement il est essentiel que toutes les banques publiques (qu’il s’agisse de la Caisse des Dépôts ou de la future banque des collectivités) aient une orientation prioritaire en faveur de la transition écologique et énergétique.
- Utiliser véritablement l’outil bancaire public : il s’agira d’utiliser pour des banques publiques les mêmes « mesures non conventionnelles » que celles utilisées par la BCE depuis le début de la crise pour apporter des liquidités aux banques commerciales. Les banques publiques prêteraient ensuite ces liquidités à des taux d’intérêts proches de zéro pour financer les projets de transition.
- Mettre en œuvre de nouveaux outils financiers pour créer les conditions d’une banque de la transition écologique, à l’échelle européenne (par ex : prêts dédiés de la BEI), nationale (par ex : en mobilisant des sources de financement diverses sur le modèle allemand de la KfW), ou régionale (emprunts obligataires par exemple).
Autres mesures :
- Affecter réellement au financement de la transition énergétique et de la transition écologique une partie de la collecte supplémentaire effectuée grâce à l’augmentation des plafonds des livrets A et LDD.
- Développer le tiers–investissement pour la rénovation énergétique des bâtiments, notamment tertiaires.