La transition énergétique ne sera réussie que si elle ne laisse pas de côté des salariés qui travaillent actuellement dans des secteurs qui vont perdre des emplois. Si certains emplois vont être supprimés dans les énergies fossiles, le nucléaire ou l'automobile par exemple, d'autres seront créés dans la rénovation des bâtiments, les énergies renouvelables, les transports en communs ou encore le démantèlement des centrales nucléaires. Nous sommes donc face à une mutation de notre économie qui en a connu d'autres, mais rarement avec une telle rapidité. Il est donc important de prévoir l'accompagnement des transitions professionnelles pour que les travailleurs des secteurs qui vont perdre des emplois puissent se réinsérer, avec des conditions satisfaisantes, dans les secteurs en développement.
Une étude produite en 2008 pour le WWF par A. Quirion et D. Demailly évalue à 684 000 le nombre d’emplois qui seraient créés en France, sous l’hypothèse d’un ensemble de mesures conduisant à réduire de 30 % les émissions de CO2 à l’horizon 2020. Cette étude présente l’intérêt, à la différence de la majorité des autres études, de ne pas prendre en compte seulement les emplois créés, directs et indirects (316 000 emplois créés d’ici 2020 dans les énergies renouvelables et 564 000 via les dépenses d’efficacité énergétique) mais également les emplois détruits (138 000 emplois seraient détruits dans la filière énergétique et 107 000 dans la filière automobile).
Mesure phare : mettre en place un véritable « Plan Marshall de la formation aux compétences de la transition énergétique ». Des travaux prospectifs doivent être conduits dans tous les observatoires prospectifs des métiers et des qualifications mis en place par les branches professionnelles. Ces travaux prospectifs doivent permettre d’anticiper les besoins en compétences et qualifications, et de déterminer les formations nécessaires pour y répondre. Des financements nouveaux doivent être consacrés à la formation continue, en concertation avec l’Etat, les partenaires sociaux et les Régions, afin de permettre un développement rapide des nouvelles activités.
Autres mesures :
Ces travaux prospectifs doivent aussi permettre d’identifier les secteurs dont l’activité est amenée à décliner, et d’anticiper les besoins de reconversion de leurs salariés. Il convient en particulier de savoir repérer les compétences de ces salariés qui peuvent être mises à profit dans les activités en développement.
Assurer la transférabilité des compétences entre secteurs d'un même territoire, notamment au sein des pôles de compétitivité.
Organiser des actions d’information, d’orientation et de promotion des nouveaux métiers en direction des salariés et des demandeurs d’emploi. Ces actions peuvent être menées au sein des entreprises, et par le service public de l’emploi. Assurer également la promotion des métiers liés à la transition énergétique dans le cadre de l’information et de l’orientation des élèves.
Toujours anticiper et accompagner les conséquences sur l’emploi : Aucune décision ne devrait être prise en la matière sans être accompagnée d’une étude d’impact et d’un plan d’action en matière de formation et d’emploi.
Agir pour la qualité de l’emploi : la qualité de l’emploi est une condition nécessaire au
développement des activités de la transition énergétique. Inclure des indicateurs de la qualité de l’emploi dans les décisions des pouvoirs publics et les négociations de branche. Ces indicateurs seraient à définir par les partenaires sociaux.